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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

Voilà pourtant ce que des écrivains d’un incontestable talent, organes d’une école démocratique avancée, appellent avec dédain les lieux communs de l’économie politique négative. Arguer de la liberté des transactions, n’est-ce pas

    dire l’intervention de l’administration entre les propriétaires et les locataires, sans protester contre ces tendances ? Les vraies raisons de la hausse des loyers à Paris se trouvent dans l’énorme augmentation de la population dans le développement de l’industrie et du commerce, dans les exigences croissantes du luxe, dans la dépréciation du numéraire, dans l’attachement naturel et inévitable d’un assez grand nombre d’habitants de Paris pour certains quartiers. Elle tient aussi à des causes intimement liées au développement des démolitions, faites par grandes masses, à celui même des constructions multipliées. C’est un fait que le développement si soudain et si intense de ces travaux a eu pour conséquences le renchérissement de la main-d’œuvre dans ce qu’on nomme l’industrie du bâtiment, la hausse des prix des matériaux destinés à la construction des maisons, et aussi, dans d’énormes proportions, la cherté des terrains où devaient s’élever des constructions nouvelles. Enfin comment nier qu’une partie même de cette augmentation si rapide de la population ne soit due à la présence d’une foule de travailleurs venant se fixer à Paris ? Une soudaine et même heureuse transformation de la capitale, opérée par voie d’autorité, devait produire en partie la situation que nous avons vu se développer et qui persiste aujourd’hui. Quant aux remèdes qu’on propose de différents côtés pour guérir cette maladie de la cherté qui frappe sur tout le monde, mais qui atteint proportionnellement davantage les fortunes médiocres et les pauvres, ils paraissent faire surtout briller l’excessive confiance de leurs inventeurs. La foi qu’ils témoignent dans leur propre infaillibilité n’a d’égale que leur profond mépris pour la loi de l’offre et de la demande, et leur dédain pour ceux qui osent soutenir la légitimité de cette loi économique et ses avantages généraux.

    On faisait naguère grand bruit d’un certain nombre de propriétaires qui auraient exisgé de leurs locataires. indus-