Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
LA RÉGLEMENTATION DES SALAIRES

taux de l’argent. Elles ne sont qu’une entrave aux capitaux à bon marché, et, quand même les capitaux se maintiendraient à un taux assez élevé comme en Amérique, la preuve que le travail y trouve son compte n’est-elle pas dans cette multiplicité des emprunts elle-même qui va porter partout la fécondité ?

On a créé par les lois prohibitives les contrebandiers. Eh bien, on crée de même, par la réglementation de l’intérêt, les usuriers qui sont les contrebandiers de l’argent. C’est une classe de malhonnêtes gens à laquelle la loi donne naissance. N’est-ce pas en outre une chose grave que l’habitude prise par les gens d’affaires les plus irréprochables d’éluder la loi ?

Concluons donc, concluons comme Turgot, comme Bentham, ces deux amis dévoués des classes populaires, concluons avec l’analyse économique, avec les faits comme avec les principes, qu’il n’y a rien de plus contraire aux pauvres et aux faibles que ces lois restrictives instituées en faveur des faibles et des pauvres, qu’il n’y a rien de plus opposé à l’esprit de la démocratie, que ces mesures de tutelle et de servitude. Lisières inutiles et nuisibles, elles empêchent les mouvements de ceux qu’elles traitent en enfants et elles ne les préservent d’aucune chute.

Et comment ne pas voir qu’à ces lois restrictives sur l’intérêt sont liées d’ailleurs d’autres mesures du même genre que l’opinion conservatrice repousse énergiquement, on ne sait pourquoi, du moment qu’on se place à un tel point de vue ?

Le maximum et les propositions récentes émanées de certaines écoles démocratiques, pour influer par voie de réglementation sur le taux des loyers ou sur le taux des salaires, ne sont-ce pas là des applications des mêmes principes, en vertu desquels on croit que l’État peut régler les conditions des contrats, et qu’il le doit même pour protéger