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XI
PRÉFACE.

Les ouvriers trouvent dur qu’on leur fasse concurrence avec du travail à meilleur marché. Mais qu’y faire ? Ici, comme pour les machines, et avec des sentiments de plus d’équité et d’humanité, il faut qu’ils acceptent les conditions générales de l’industrie libre. Ces conditions sont quelquefois douloureuses. Elles ne leur ont pourtant pas porté malheur depuis cinquante ans. Dans presque toutes les industries, les salaires se sont élevés dans une proportion notablement supérieure au prix des choses. Il s’écoulera du temps avant que les femmes puissent leur faire une large et vaste concurrence. Mais nous demandons, au nom d’une démocratie qui, en vérité, n’a pas besoin d’être fort libérale pour nous l’accorder, qu’on cesse d’invoquer la loi salique comme nous l’avons lu dans quelques brochures d’ouvriers, pour motiver l’exclusion des femmes des professions qui seules, dans l’état actuel, peuvent les faire vivre. Il nous semblerait par trop absurde que les tailleurs prétendissent nous faire accroire que les femmes n’ont pas le droit d’être couturières, parce que notre vieux droit politique leur refuse celui d’être reines de France. Sont-ils beaucoup plus sensés ceux qui veulent leur retrancher cette partie de