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LA FIXATION LÉGALE DE L’INTÉRÊT

vérants défenseurs de la législation de 1807, le taux de l’intérêt se référait par la quantité de monnaie qui circule dans un pays. Il n’en est rien. La monnaie abonde en Australie et en Californie, et le taux de l’intérêt y a été fabuleusement élevé.

Qui ne sait qu’en Angleterre, où les métaux précieux abondent moins qu’en France, le taux de l’intérêt est généralement plus bas ?

Cela tient-il à l’abondance du papier faisant office de numéraire ? Ceux qui le pensent s’arrêtent à la surface ; ils ne s’aperçoivent pas qu’il y a ici toute autre chose qu’un phénomène de circulation. Le taux de cet instrument de production, qu’on appelle l’argent, se détermine, toutes choses égales d’ailleurs, sur la moyenne des profits que l’on retire dans les diverses industries ; sinon, dans le cas où l’intérêt descendrait trop au-dessous de cette moyenne, on ne voudrait plus se faire prêteur, on emploierait autrement son argent.

Cette circonstance, d’une certaine moyenne, d’un certain niveau des profits qui tend à s’établir sans arriver jamais d’ailleurs à une complète réalisation, est, avec le plus ou moins de sécurité des placements, la vraie cause régulatrice de l’intérêt.

Que nos jurisconsultes veuillent nous dire ce que ceci a de commun avec l’effigie du prince qui est sur les pièces d’or et d argent, et de laquelle ils tirent le droit pour le législateur de s’immiscer dans les contrats en établissant un maximum. Ils se croient à tort en présence d’un fait purement monétaire, qu’ils n’expliquent pas lui-même d’une façon correcte, lorsqu’ils dénient à la monnaie son caractère de marchandise. La monnaie n’apparaît ici que de la façon la plus fugitive, comme simple intermédiaire, comme moyen d’acheter autre chose, de telle sorte que forcer quelqu’un à emprunter à un taux plus élevé que celui qu’il trouverait, si les conditions du