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CHAPITRE IV

LA FIXATION LÉGALE DE L’INTÉRÊT.


L’intérêt populaire est faussement invoqué par les lois limitatives de l’argent. — Ces lois sont contraires à la liberté du travail. — Elles mènent au maximum et justifieraient la réglementation du taux des salaires et de celui même des loyers, qu’on a proposée en effet dans l’intérêt des classes populaires. — Vanité et danger de ces réglementations.


Des hommes qui n’appartiennent pas aux écoles démocratiques ou révolutionnaires, qui se posent même en défenseurs du passé, empruntent néanmoins le langage de la démocratie en faveur des pauvres et des faibles pour s’élever contre les économistes qui demandent que le taux de l’argent soit réglé par la libre concurrence comme celui de toutes les marchandises. « Déjà, dit-on, l’usure ronge les campagnes. Que sera-ce si un frein légal ne s’impose aux usuriers ? Le but de la loi est de protéger le faible contre le fort, le pauvre, l’ignorant et même l’homme qui cède à de funestes entraînements contre une odieuse exploitation. L’économie politique, dans sa préoccupation partiale pour le capitaliste, abandonne donc les intérêts sacrés de l’homme réduit à emprunter. »

Il ne restera rien de ces accusations, si l’on prouve que ces lois sur l’usure, aujourd’hui d’ailleurs peu en rapport avec d’autres dispositions ou latitudes laissées à de grands établissements de crédit, sont, à tous les points de vue, nuisibles aux masses populaires.