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LES LACUNES DE LA LIBERTÉ DU TRAVAIL

avoir jusqu’à dix-sept formalités à remplir pour l’établissement d’une machine à vapeur. On a compté qu’il en fallait vingt-huit pour obtenir l’autorisation d’établir un batelet sur une rivière[1].

Il a été question récemment de faire accaparer par l’État les assurances. On l’a dit avec raison : c’est une pensée malheureuse et une conséquence de la fausse théorie qui s’ingénie à transporter sur l’État la responsabilité des intérêts particuliers. Convertir la prime d’assurance en un impôt, et la réparation des sinistres en une créance contre le public, serait un acte aussi abusif dans ses applications pratiques que vicieux dans son principe. Le régime préventif soumet à ses lois tout l’ensemble de l’association industrielle et commerciale. J’y reviendrai notamment, pour ce qui regarde les associations ouvrières. Parler de la liberté d’association, c’est parler encore de la liberté du travail à laquelle elle est indispensable et dont elle ne se sépare pas. Les sociétés par actions ne sont pas libres. On sait pourtant si elles sont essentielles au développement de la grande industrie et des grands travaux qui accroissent, à l’aide des petites coupures, le capital commun par la mise en valeur de toutes les capitaux et qui font participer les petites bourses aux bénéfices de l’industrie. Les raisons qu’on invoque pour maintenir cette situation sont des raisons morales. J’aime à voir un philosophe moraliste plus soucieux de la liberté et de la responsabilité humaine que de ces motifs de prudence par lesquels on prétend justifier la tutelle d’individus reconnus pourtant majeurs civilement et politiquement, se mettre entièrement d’accord avec presque tous les économistes sur cette matière si importante. « La condition des sociétés anonymes, dit M. Jules Simon, est d’être complétement soumises au pouvoir central puisqu’il peut refuser.

  1. La liberté du travail. par M. Ch. Dunoyer.