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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

rable. Mais passer bien ses examens devrait suffire au futur docteur. Demander à un candidat d’avoir étudié quatre ans à Montpellier ou à Paris, ou six années dans une école secondaire, c’est une atteinte à la liberté du travail sans que ce soit une grande sécurité pour les malades. Les grades ne sont-ils pas quelquefois un peu dépréciés par la facilité avec laquelle on les accorde ? Une autre solution serait de rendre le diplôme facultatif. Le public irait en général aux médecins diplômés qui ajouteraient ce titre à celui de leur profession. Empêche-t-on aujourd’hui ceux qui le veulent de remettre leur santé entre les mains des charlatans ? Il est bien entendu qu’on ne désarmerait pas, on pourrait même fortifier, s’il y a lieu, les lois répressives.

Où l’on cesse de comprendre même ces garanties préventives, c’est dans l’enseignement, à l’égard des professeurs appelés libres, par un étrange abus de mot. Il leur faut d’abord un diplôme, à ces représentants du libre enseignement, puis vient la déclaration au maire, au préfet, au procureur impérial. Le préfet a le droit de faire opposition. Le mérite de cette opposition est jugé, sans recours, par le conseil départemental. Pour l’enseignement supérieur, voici d’autres entraves. Il faut une autorisation spéciale du ministre cette autorisation, qui peut être arbitrairement refusée, est toujours révocable. Revenons aux professeurs libres. L’enseignement ordinaire qui s’adresse aux enfants, n’est-ce pas là un de ces cas où la compétence du père de famille peut être légitimement supposée, sa faculté de discernement présumée ? L’État peut avoir ses professeurs. Mais pour prétendre que le droit d’enseigner n’est pas un droit naturel dont l’exercice est soumis, bien entendu, au contrôle et à la surveillance, il a fallu entasser des sophismes qui feront l’étonnement de nos fils ou de nos petits-fils, s’ils en entendent parler.