du coton et qu’on désire en tirer le meilleur prix possible, on s’attribue une mission sociale. Proclamr qu’on remplit un rôle utile et honorable ne suffit pas à l’amour-propre. Sous ces beaux prétextes, les pharmaciens manquent aux villages, et même à des localités importantes. Les condamnations qu’un cercle pharmaceutique (celui de la Marne) a fait prononcer dernièrement contre des herboristes et épiciers, coupables d’avoir vendu de la farine de moutarde, de l’eau-de-vie camphrée, de l’eau sédative et du quinquina sont-elles bien de notre temps ? Presque toutes les substances seraient vendues aussi bonnes et à meilleur compte par les droguistes et les herboristes. C’est l’opinion générale des médecins si singulièrement exclus eux-mêmes du droit de préparer et de vendre les remèdes qu’ils prescrivent. Quant aux préparations, aux mixtures, la notoriété ne suffirait-elle pas pour désigner les meilleures maisons avec la recommandation du médecin ? N’y a-t-il pas d’ailleurs ici comme garantie, aussi bien qu’ailleurs, l’intérêt du débitant à satisfaire le public ? La loi serait-elle plus désarmée qu’aujourd’hui contre le charlatanisme dangereux ? Restent donc les poisons. La surveillance d’agents spéciaux et un certain degré de réglementation ne seraient-ils pas en mesure de prévenir le danger, tout autant qu’il est prévenu dans l’état actuel[1] ? Si la profession d’architecte n’était pas libre, que ne dirait-on pas sur le danger à livrer la solidité et la salubrité des maisons aux premiers venus ? Que n’a-t-on dit naguère contre la liberté de la boucherie qui allait empoisonner les populations ? Sommes-nous morts ? Sommes-nous même malades ?
Il faut être gradué pour être médecin. Soit, puisque le discernement, ici surtout, est difficile et le isque considé-
- ↑ Voir une brochure de M. Arthur Mangin : La liberté de la pharmacie.