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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

l’armée, le principe de l’enrôlement volontaire s’appliquerait à la flotte beaucoup moins nombreuse. Ne nous lassons pas d’ailleurs d’exprimer le vœu d’une réduction de l’armée, que rendent si désirable toutes les raisons tirées des finances et du travail, de la bonne économie politique et de la saine démocratie.

Et cette liberté d’émigrer entière, absolue, et de se fixer, de s’établir, de se gouverner sur les lieux où l’on émigré, l’avons-nous ? La France peut-elle être mise de ce côté en parallèle avec la Grande-Bretagne, avec l’Amérique du Nord ? Voyez nos possessions d’Afrique. Peut-on s’étonner que des soldats même héroïques et des bureaux même aussi intelligents que des bureaux peuvent l’être n’aient pas créé des terres et des colons ?

Honnête propriétaire riverain d’un cours d’eau non flottable ni navigable, vous croyez prendre une innocente liberté en cherchant à détourner sur votre terrain une partie de cette eau inutile à l’aide d’un barrage peut-être vous semble-t-il même qu’en agissant ainsi pour votre bien, sans doute, mais au profit général de l’agriculture et de la consommation, vous êtes digne d’une prime d’encouragement : on en donne quelquefois pour moins ! – Halte-là ! vous crie la loi. Faisons d’abord une enquête, deux enquêtes. Mettons en mouvement le maire, le sous-préfet le préfet, l’ingénieur ordinaire des ponts et chaussées, l’ingénieur en chef, le ministre des travaux publics, le conseil d’Etat ! Cela dure un an, deux ans, trois ans, dix ans peut-être ! On répond a la fin. Voici sans doute l’autorisation tant désirée ? … Attendez un peu ! c’est peut-être bien l’ordre de payer au receveur de l’enregistrement la somme pour les frais encourus jusqu’à ce jour. Le fait n’est pas sans exemple !

Ah ! de combien de bonnes choses la minutie et la paperasserie ont été le tombeau seulement depuis un demi-siècle ! Qui ne sait enfin qu’il est plus d’un pays où chacun