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CHAPITRE III

LES LACUNES DE LA LIBERTÉ DU TRAVAIL.


En fait de liberté économique nous avons reculé depuis 1789, et la Révolution elle-même, radicale parfois à l’égard des libertés d’un autre ordre, s’est montrée ici trop souvent animée d’un esprit restrictif très-regrettable. Il n’y a pas de raison valable pour que notre pays reste à tout jamais au-dessous des libertés économiques, les seules dont je parle ici, de l’Angleterre et des États-Unis. Si on ne veut combler la distance, on peut toujours travailler à la rapprocher. Un simple coup d’œil fera juger combien nous en sommes encore loin. Citons seulement quelques-unes de ces libertés.

La liberté d’aller et venir, par exemple, est une de celles qui sont au plus haut degré l’apanage nécessaire des pays libres. Cette nécessité de prendre une permission chaque fois qu’on se déplace est inconnue aux États-Unis comme en Angleterre. Or, si cette facilité profite à celui qui voyage pour son plaisir, et à qui elle épargne une gêne et une dépense, elle est particulièrement nécessaire à ceux qui voyagent pour leurs affaires.

Aux États-Unis, la liberté individuelle est garantie par la loi de l’habeas corpus. Dans la plupart des États la contrainte par corps, en matière commerciale, est ou supprimée ou inconnue. En France, on passe encore souvent pour un utopiste lorsque l’on combat l’emprisonnement