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LE CURÉ LABELLE

La couleur lui importait assez peu, pourvu que le gouvernement travaillât à l’œuvre de la colonisation chrétienne.

Il avait plaidé auprès de ceux qui s’étaient succédé tous les quatre ans à la tête des affaires, pour mener à bien son entreprise de prédilection ; rouges et bleus y avaient concouru.

Il se trouva pourtant un jour en face d’une difficulté qu’il n’avait point prévue. Une évolution nouvelle s’était produite en 1887, le gouvernement provincial vit ses attributions s’élargir.

Les conservateurs, qui n’avaient pas toujours flatté M. Labelle, tant s’en faut, arrivaient au pouvoir. Leur intention était, pour se montrer aussi progressifs que les libéraux, de pousser l’œuvre de la colonisation, et pour lui donner une impulsion plus sûre et plus régulière, ils instituèrent un ministère de « l’agriculture et colonisation. » Ce ministère n’était ni une fantaisie de parti, ni un luxe bureaucratique. Répondant à une nécessité pressante, il devint dès le début un poste très important et très occupé, le titulaire se trouva même bientôt dépassé par la besogne croissante et on résolut de lui donner un adjoint ayant rang de député, sous-ministre d’État, avec voix au conseil.

Les gouvernants eurent l’idée d’offrir ce poste au curé Labelle comme étant l’homme le plus capable de le bien remplir. « Vous connaissez, lui dirent-ils, votre œuvre encore mieux que nous, vous savez exactement ce qu’il vous faut