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LE CURÉ LABELLE

voyage répondait aux vœux de l’épiscopat de toute la confédération. La révolte des métis dans l’Ouest en 1885 faisait vivement sentir la nécessité d’avoir de bons colons dans l’État naissant du Manitoba et sur les bords du lac Winnipeg. M. Labelle, en dehors de ses aptitudes colonisatrices bien connues dans le pays, entretenait des rapports suivis avec des économistes et des écrivains s’intéressant à la colonisation du Canada, M. Claudio Jannet, entre autres, lui avait écrit, en janvier 1885, que « la terrible crise agricole ouverte en Europe pouvait lui fournir deux sortes de colons : 1o de jeunes gentilshommes ou bourgeois ayant quelque capital et ne sachant que faire ; 2o des paysans des montagnes de la France et de la Suisse, particulièrement éprouvés ; on trouverait aussi en Belgique et en Hollande des travailleurs solides, mais n’obtenant plus rémunération suffisante de leur peine. » M. Bernier, député du Manitoba, et Mgr Taché, archevêque de Saint-Boniface, insistaient fort pour que l’on recommandât les terres noires, comme on avait recommandé les terres jaunes ou grises du Nord. Sir Charles Tupper était devenu commissaire général de l’émigration à Londres : c’était un admirateur de M. Labelle, il avait célébré ses succès devant les Chambres et se joignit à d’autres députés pour obtenir que cette mission fût confiée sans retard au « Roi du Nord. »

Ce ne fut pas sans hésitations que le curé de