Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
LE CURÉ LABELLE

une paroisse nouvelle, il endossait sa soutane de voyage, chaussait ses bottes, et partait avec son fidèle serviteur Isidore, habitué comme son maître à voyager dans les forêts.

Docile à son appel, les bûcherons des chantiers se réunissant à l’endroit marqué, y plantaient une grande croix de bois à la place où devait s’élever l’église paroissiale. L’emplacement du presbytère, de l’école et du bureau de poste, qui sont après l’église les trois maisons essentielles à la fondation d’un village canadien, était délimité. Le curé, après avoir béni la croix, célébrait la messe en plein air, adressait une instruction familière à l’assistance, l’invitait à bâtir une église provisoire avec les arbres de la forêt, en attendant une église de pierre et un prêtre résidant.

Six mois après cette cérémonie, on était sûr que les lots voisins de l’église avaient trouvé preneur et le village commençait.

Quand les choses n’allaient pas assez vite à son gré, il employait d’innocentes industries pour les activer. Dans la fondation de la paroisse Saint-Rémi d’Amherst, les amateurs ne se présentaient pas. Que fait M. Labelle ? Il achète trois lots rapprochés de l’église : un pour sa mère, un pour son serviteur et un pour lui-même. Le bruit se répand bientôt que de nombreux paroissiens de Saint-Jérôme vont s’y établir. Cette fois, s’écrient les habitants de Sainte-Agathe, on ne nous coupera pas l’herbe sous les pieds. Puisque