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LE CURÉ LABELLE

de canaux ou de glissoires ? Le flottage et la voie d’eau n’étant pas suffisants, il fallait pénétrer dans la forêt, la traverser parallèlement au fleuve par deux ou trois lignes ferrées, mettant Québec en communication directe avec la capitale fédérale, et, de la sorte, les colons pouvant écouler avec facilité tous leurs produits agricoles et forestiers seraient vivement encouragés et soutenus.

La paroisse de Saint-Jérôme, étant placée à l’entrée des grandes forêts, se trouvait être le marché central des bois, et le premier point à obtenir était la construction d’un chemin de fer rattachant ce marché à la grande ville de Montréal, métropole du commerce canadien. Les dix à douze lieues qui séparent Saint-Jérôme de Montréal constituaient une énorme distance quand il fallait la franchir avec de lourds chariots chargés de marchandises.

Au moyen d’un chemin de fer direct, Montréal, qui est assez déboisé, se trouverait aux portes de la forêt, les approvisionnements deviendraient beaucoup plus faciles et le bois bien moins cher. Ce que le digne curé fit de démarches pour soutenir sa thèse et faire triompher son projet pendant les longues années qui précédèrent l’exécution est vraiment incroyable. De tous les arguments qu’il employa, le plus original fut celui-ci. À deux reprises, l’hiver fut très rigoureux ; les chantiers de la ville étaient dépourvus de bois de chauffage et, naturellement, les pauvres en souffraient plus que les riches.