Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
LE CURÉ LABELLE

un sol des plus fertiles. En 1854, le gouvernement de Québec avait commencé à délivrer des lots sur les lisières de la forêt et le bord des rivières ; mais les marchands de bois seuls avaient ouvert des chantiers, les fermes étaient rares et les progrès fort lents.

Ce fut à l’automne de 1872 que M. Labelle commença ses explorations à travers les forêts. Accompagné de quelques paroissiens courageux et dévoués, il se mit en route et remonta la vallée sauvage de la Nord où s’élevaient déjà quelques chantiers, pour gagner le bassin de la Rouge qui était absolument désert. Trempé de sueur et couvert de boue, il arriva ainsi au point culminant du pays, au sommet du mont de la Repousse, d’où la vallée et la plaine se montrèrent à lui dans toute la splendeur de leur végétation : Voilà notre terre promise ! s’écria-t-il ; quel beau pays ! quelles magnifiques eaux ! Il fit plus de cinquante lieues dans cette première expédition qui fut suivie de neuf ou dix autres dans lesquelles il reconnut les grandes vallées de la Lièvre et de la Gatineau qui devait être la limite de la nouvelle province à coloniser.

Le curé de Saint-Jérôme et ses compagnons ne voyageaient pas en touristes et en amateurs. Ils avaient toujours la hache, le marteau, la pioche ou le crayon à la main. Ils allaient partout, constatant la nature du sol, escaladant les montagnes, remontant et descendant les vallées, contournant les innombrables lacs qui agrémentent ce pays