Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
LE CURÉ LABELLE

Il eût été imprudent de lancer dans l’inconnu une foule de travailleurs prêts à tenter l’épreuve et le curé de Saint-Jérôme prit une grande résolution. Dès qu’il fut au courant de son nouveau ministère paroissial, il voulut sonder les immenses forêts à la lisière desquelles la Providence l’avait placé, se rendre compte de la qualité des terres à exploiter et des ressources diverses que renfermait ce pays.

À dire vrai, ce vaste massif de forêts n’était guère plus connu qu’au temps où le Père de Brébeuf y passait son premier hiver sous les tentes des Algonquins (1626).

L’ancienne rivière des Prairies, l’Outaouais ou l’Ottawa, comme on l’appelle aujourd’hui, était le chemin classique pour se rendre au pays des Hurons et des grands lacs.

Cette rivière forme avec le Saint-Laurent, dans lequel elle se jette au-dessous de Montréal, les deux côtés d’un vaste cadre triangulaire dont les bords seuls étaient colonisés.

Cinq ou six rivières, à peu près parallèles, mesurant de cent jusqu’à deux cents kilomètres et plus de longueur, descendent en ligne perpendiculaire dans cette rivière des Prairies et forment autant d’artères de communication et de vallées couvertes de forêts. Voici les principales, en allant de Montréal à Ottawa : l’Assomption, la Nord, la Rouge, la Petite-Nation, la Lièvre et la Gatineau.

Vers 1849, un voyageur que l’on trouvait bien audacieux affirma que ces forêts recouvraient