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DES NYMPHES

charmer l’esprit de mon lecteur par une variété pleine d’attraits. J’y dévoilais surtout les pensées les plus secrètes, les tactiques les plus adroites de mon sexe, et, soit par les événements, soit par les réflexions, j’avais enfin composé une œuvre galante en deux parties in-12, fort piquante. Césure y mit un beau titre, qui fut celui-ci :

MES ESPIÈGLERIES
DE GARNISON
OU JULIE LA GROSSE RIEUSE

et notre chef-d’œuvre sous le bras, il alla le proposer aux libraires des barraques. À peine eût-on parcouru le manuscrit, que, comme séduit par la vapeur d’un encens embaumé, on lui en offre aussitôt vingt-cinq louis. Césure accepte, et pendant quelque temps, nous nous livrons sans réserve à toute la joie de ce succès. Césure ayant été atteint par la conscription, il fallut m’en séparer ; tout ce que je pus faire pour témoigner ma tristesse, fut de ne pas rire en nous séparant : c’était, je vous assure, mesdemoiselles, prendre beaucoup sur mon naturel. Sans ressource, j’entrai alors dans un restaurant en qualité de Demoiselle. Rien ne m’amusait comme ces commandes aux criées, un bœuf pour un, une cuisse