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DES NYMPHES

de leurs plus tendres ébats : une galerie circulaire dominait de toutes parts les boudoirs, et, soit au coucher, soit au lever de mes amoureux convives, je passais en revue ma galerie, et m’arrêtais à la lucarne où la scène du plaisir me paraissait la plus piquante. Que ce délicieux panorama a enchanté de fois mes esprits !… Non, mes chères camarades, vous ne pouvez jamais rien imaginer de plus voluptueux. Les délices de voir tout à leur aise agir librement deux amants qui se croient sans témoins, est une chose qui dépasse tous les genres de volupté. Il est vrai, je le confesse, que j’ai désiré plus d’une fois être l’heureuse actrice de la pièce qui se représentait sous mes yeux et enflammait mes sens ; plus d’une fois, dis-je, je fus sur le point de faire comme Zémire devant le tableau magique de son père et de ses sœurs, mais l’intérêt de mes propres jouissances m’interdisait toute indiscrétion.

Toute l’assemblée, un peu échauffée par la peinture de ces images, demanda à Marianne si, sans blesser la pudeur, il lui serait possible de révéler quelques-uns des jolis petits mystères qu’elle avait surpris dans la galerie masquée de ses boudoirs délateurs ?…

— Je vais y employer tous mes efforts, répondit Marianne avec aménité. Parmi mes nobles convives, je recevais souvent le comte de Tendre-Rose et sa douce moitié mademoiselle du Délire,