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JOLIS PÉCHÉS DES NYMPHES

bien plus tranquille sur ta vertu pendant mon absence…

— Le plus joli de l’histoire, ajouta follement la rusée Félicia, c’est que Dorival me baisait la main avec ardeur pendant cette vraie scène de comédie, et me montrait une seconde petite clef que le même artiste, qui se trouvait être un de ses intimes amis, lui avait fabriquée.

Toute l’assemblée battit des mains à cette fine espièglerie, en convenant que c’était le tour du meilleur ton que jusqu’alors on avait passé en revue. Félicia ajouta encore une nouvelle confession sur un procédé fort curieux qu’elle avait employé avec un autre entreteneur, pour le tromper ; c’était une coulisse pratiquée dans une boiserie et qui communiquait dans le logement de l’ami du cœur ; mais l’intérêt qu’elle avait inspiré dans ses narrations étant épuisé, elle borna là avec discernement ses aventures, tel qu’un grand artiste qui ne veut pas survivre à sa gloire, et fait une savante retraite au plus fort même de ses succès.

C’était à la sentimentale Adeline à faire connaître les détails de ses langoureuses amours ; mais comme il était déjà près de dix heures du soir, l’assemblée se sépara pour se livrer à tous les travaux de la nuit.

On ne manqua pas de se réunir le lendemain, séance tenante, et Adeline, tenant une guitare dans ses mains, fit entendre cette plaintive romance :