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JOLIS PÉCHÉS

son sein un être plus séduisant, de respirer une haleine plus suave…

Ici madame la présidente fit observer à Euphrasie qu’elle blessait la décence, en offrant à cette chaste et honorable assemblée, des images trop chaudes ; Euphrasie promit de gazer désormais davantage ses expressions, et continua ses délicats aveux.

— Après avoir préludé, dit-elle, avec le bel Adolphe, par maints épisodes folâtres, avoir éparpillé, effeuillé quelques roses de plaisir sur les lis de sa poitrine, l’amour irrité par tant de retardements, échauffé, stimulé d’ailleurs par les liqueurs fortifiantes et les petites gourmandises que ma femme de chambre nous avait servies dans le bain, j’allais céder aux transports d’Adolphe, quand une voix de stentor, partie d’un tableau représentant un satyre, et qui se trouvait absolument en face de nos baignoires, nous arracha douloureusement de ce doux sommeil de volupté ; c’était mon épouvantable lui-même qui, loin de partir pour le voyage qu’il méditait, n’avait employé ce stratagème que pour mieux épier ma conduite dans l’hôtel ; le traître, connaissant parfaitement la disposition des couloirs de nos appartements, avait malignement fait une ouverture derrière le tableau du satyre, et imitant entièrement la conduite du Cassandre dans le Tableau parlant, il avait prétendu comme ce rusé vieillard,