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DES NYMPHES

mon faux honneur, chaque jour rajusté, j’augmentai mon or, en ajoutant chaque fois à la corruption de mes mœurs et de mes idées. Enfin lasse de vivre indépendante, riche aujourd’hui, demain aux expédients, je tournai mes languissants regards vers le Palais-Royal, comme vers l’heureux refuge d’une vertu aux abois : là, me disais-je dans mon repentir de fraîche date, le calme, le bonheur et la sagesse président l’administration la mieux entendue des plaisirs… Là, je serais catin, avec un air de légitimité, et une apparence de devoir couvrira le scandale de mes écarts…

Mais il faut être modeste et ne pas faire son apologie soi-même ; je cacherai donc mes lauriers et mes myrtes…

— Oui, tu as parfaitement raison, Victorine, s’écria en riant la folâtre Laurette ; nous n’avons pas besoin de voir ton derrière pour connaître toute l’étendue de ta gloire : brisons là, c’est à mon tour ; il est bien juste que je parle maintenant, car jusqu’à présent vos confessions ne me paraissent que de petites peccadilles d’enfant qui ne méritent pas même les honneurs d’une fessée. Laissez-moi, je commence.

Au moment où Laurette allait faire connaître ses étonnantes aventures, Madame sonna pour les toilettes et le service du matin ; chacune de nos nymphes sortant précipitamment des baignoires, après avoir versé sur des corps d’albâ-