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frais sur les bords ; le corps de la malheureuse jeune fille a été trouvé une semaine avant le départ de cette lettre. Catullus décrit la cérémonie des funérailles, avec sa minutie accoutumée dans toutes les affaires de forme et d’étiquette ; il était un des principaux invités, ce dont il est évidemment très-fier ; et il me donne un compte exact de chaque litière, de chaque cheval, et, ma foi, je crois, de chaque guirlande qui ornait ces pompeuses funérailles.

Les deux amis gardèrent quelque temps le silence, et accordèrent chacun la part de tristesse que réclamaient les bienséances et le destin inattendu de l’innocence et de la jeunesse. ...................

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— Et maintenant, dit Callias, à Éphèse !

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La nuit était glorieusement belle : la trirème, s’élançant hors du Pirée, laissait derrière elle une longue trace de lumière, comme une charrue qui sillonnerait de l’argent fondu. Les deux amis se tenaient à la poupe, regardaient les cieux, les eaux tranquilles et les nobles sommets de l’Attique, et voyaient tous les objets fuir autour et derrière eux, comme s’ils voyageaient sur un nuage et flottaient sur le sein des airs. Les lumières et le bruit du port s’éteignirent graduellement, et la lune se leva. Le Parthénon se dressa sur sa colline, dans la clarté de la lune, pâle, solennel et solitaire, comme un majestueux