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face ! » Ou bien il laisse cyniquement s’envoler cet aveu, qui a pour moi, je le confesse avec la même candeur, un charme presque fraternel : « Généralement, les rares individus qui ont excité mon dégoût en ce monde étaient des gens florissants et de bonne renommée. Quant aux coquins que j’ai connus, et ils ne sont pas en petit nombre, je pense à eux, à tous sans exception, avec plaisir et bienveillance. » Notons, en passant, que cette belle réflexion vient encore à propos de l’attorney aux affaires équivoques. Ou bien ailleurs il affirme que, si la vie pouvait magiquement s’ouvrir devant nous, si notre œil, jeune encore, pouvait parcourir les corridors, scruter les salles et les chambres de cette hôtellerie, théâtres des futures tragédies et des châtiments qui nous attendent, nous et nos amis, tous, nous reculerions frémissants d’horreur ! Après avoir peint, avec une grâce et un luxe de couleurs inimitables, un tableau de bien-être, de splendeur et de pureté domestiques, la beauté et la bonté encadrées dans la richesse, il nous montre successivement les gracieuses héroïnes de la famille, toutes, de mère en fille, traversant, chacune à son tour, de lourds nuages de malheur ; et il conclut en disant : « Nous pouvons regarder la mort en face ; mais sachant, comme quelques-uns d’entre nous le savent aujourd’hui, ce qu’est la vie humaine, qui pourrait sans frissonner (en supposant qu’il en fût averti) regarder en face l’heure de sa naissance ? »

Je trouve au bas d’une page une note qui, rappro-