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théâtres, s’il ne trouvait pas, à la fin du cinquième acte, la catastrophe voulue par la justice, qui rétablit l’équilibre normal, ou plutôt utopique, entre toutes les parties, — cette catastrophe équitable attendue impatiemment pendant quatre longs actes ? Bref, je crois que le public n’aime pas les impénitents, et qu’il les considère volontiers comme des insolents. De Quincey a peut-être pensé de même, et il s’est mis en règle. Si ces pages, écrites plus tôt, étaient par hasard tombées sous ses yeux, j’imagine qu’il aurait daigné complaisamment sourire de ma défiance précoce et motivée ; en tout cas, je m’appuie sur son texte, si sincère en toute autre occasion et si pénétrant, et je pourrais déjà annoncer ici une certaine troisième prostration devant la noire idole (ce qui implique une deuxième) dont nous aurons à parler plus tard.

Quoi qu’il en soit, voici ce dénouement. Depuis longtemps, l’opium ne faisait plus sentir son empire par des enchantements, mais par des tortures, et ces tortures (ce qui est parfaitement croyable et en accord avec toutes les expériences relatives à la difficulté de rompre de vieilles habitudes, de quelque nature qu’elles soient) avaient commencé avec les premiers efforts pour se débarrasser de ce tyran journalier. Entre deux agonies, l’une venant de l’usage continué, l’autre de l’hygiène interrompue, l’auteur préféra, nous dit-il, celle qui impliquait une chance de délivrance. « Combien prenais-je d’opium à cette époque, je ne saurais le dire ; car l’opium dont j’usais avait été