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éUuik’r. Drôle de médecine que celle qui supprime la fonction principale ! Un autre médit, pour toute consolation, que je suis hystérique. Admirez-vous, comme moi, l'usage élastique de ces grands mots bien choisis pour voiler notre ignorance de toutes choses ?

J’ai tâché de me replonger dans Le Spleen de Paris (poèmes en prose), car ce n’était pas fini. Enfin, j’ai l’espoir de pouvoir montrer, un de ces jours, un nouveau Joseph Delorme accrochant sa pensée rapsodiqne à chaque accident de sa flânerie, et tirant de chaque objet une morale désagréable. Mais que les bagatelles, quand on veut les exprimer d’une manière à la fois pénétrante et légère, sont donc difficiles à faire !

Joseph Delorme est venu là tout naturellement. J'ai repris la lecture de vos poésies ab ovo. J’ai vu, avec plaisir, qu’à chaque tournant de page je reconnaissais des vers qui étaient d’anciens amis. Il paraît que, quand j’étais un gamin, je n’avais pas si mauvais goût. (La même chose, en Décembre^ m’est arrivée pour Lucain. La Pharsale^ toujours étincelante, mélancolique, déchirante, stoïcienne, a consolé mes névralgies. Et ce plaisir m’a induit à penser qu’en réalité nous changions fort peu, c’est à dire qu’il y a en nous quelque chose d'invariable.)

Puisque vous avouez qu’il ne vous déplaît pas d’entendre parler de vos ouvrages, j’aurais bien la tentation de vous faire, à ce sujet, trente pages de confidences ; mais je crois que je ferai mieux de les