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moins pour deux mois ; je reprendrai Texécution de ce projet à Honfleur. Supposons que mon séjour ici se prolonge jusqu’à la fin de Mars, c’est beau- coup. Depuis le milieu de Novembre, je n’ai rien reçu de personne, et je n’ai rien donné ici. Ma noie était complètement payée j usqu’au i^’" Octobre. En hiver, on dépense ici beaucoup plus qu’en été. En été, c’était 200 ou 220 fr. par mois ; trois mois d’hiver, cela doit faire 900 fr. Je dis : cela doit faire, car je ne peux pas obtenir ma note.

On me fait la mine, je le vois bien. Et enfin il y a une foule de petites dépenses, en dehors de l’Hôtel, iuxquelles je ne peux pas satisfaire depuis deux mois sans des ruses ridicules : tabac, papier, timbres-poste, raccommodag-es,etc…Par exemple, le rêve de posséder du vin de quinquina est devenu ’ans mon cerveau aussi obsédant que l’idée d’une ijait^-noire pleine d’eau dans l’imagination d’un galeux. Et puis je voudrais des purgations vio- lentes. Je ne puis rien.me procurer de tout cela.

(Entre parenthèses, je vous prie de ne rien dire le tout cela à ma mère. Vous connaissez sa terrible fnagination. Ainsi, pas un mot. Se, sui| convaincu (ue toutes ces infirmités disparaîtront avec le suc- cès et le déplacement.)

Je vous parlais de l’humiliation des petits besoins. Pardonnez-moi de vous faire observer en passant que vos lettres, excepté celles chargées, sont toutes insuffisamment affranchies. Que j’aie fait attention \ cela, c’est bien un signe de misère. Quand la concierge me dit : Monsieur, ccst encore 4o een-