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SyO CHARLES BAUDELAIRE

A MONSIEUR ANCELLE

Vendredi, 2 Septembre 1864.

Mon cher ami,

J’espérais partir avant-hier matin, 31 Août, et dîner chez vous, le soir, mais je ne m’en sens pas le courage. Je voudrais que tous mes livres fussent vendus par l'agent d’affaires que j’ai chargé de cette commission à Paris ; je veux traîner encore ici une existence de végétal, pendant une quinzaine. Et enfin, pour tout dire, je suis singulièrement affaibli par quatre mois de coliques !

Je suis content de mon livre ; tout ce qui est mœurs, culte, art et politique, est fait. Il manque la rédaction de mes excursions en province. Je ferai cela à Honfleur. J’écris à M. de Villemessant de ne rien publier, avant mon retour en France. Vous devinez pourquoi. Je suis très mal vu ici. D’ailleurs, je ne me suis pas gêné pour crier tout haut ce que je pensais. Et puis, on sait que je prends des notes partout.

Le Congrès de Malines a commencé. Gela nous regarde. M. Dupanloup y a produit un grand effet avec son discours sur l'instruction publique. M. Dupanloup n’a aucune peine à passer pour un aigle, dans un pays tel que celui-ci.

Je connais Malines, et, si Malines n’était pas en Belgique, et peuplée de Flamands, j’aimerais y vivre, et surtout y mourir. Combien de carillons,