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LETTRES 1862 347

pour vous êtes agréable ? Vous me demandiez un journal littéraire. Comme tous les prisonniers, vous croyez qu’il se passe quelque chose dehors. 11 n’y a pas de nouvelles, à moins que vous ne fassiez allusion au Fils de Giboyer. Mais vous savez bien que je ne m’occupe pas de ces turpitudes-là.

Quant à Salammbô^ grand, grand succès. Une

iition de 2.000, enlevée en deux jours. Positif. Beau livre, plein de défauts, et qui met en fureur tous les taquins, particulièrement Babou. Il y en a qui reprochent à Flaubert les imitations des uteurs anciens. Ce que Flaubert a fait, lui seul pouvait le faire. Beaucoup trop de bric-à-brac, mais beaucoup de grandeurs, épiques, historiques, politiques, animales même. Quelque chose d’éton- nant dans la gesticulation de tous les êtres. Quant aux 3o.ooo fr., blague, blague ! Pourquoi Flaubert a-t-il permis cela ? 3o.ooo fr., soit ! mais la Bo- vary, dont le traité allait expirer, est cédé de nou- veau : donc, 1 5.000 fr., puis, défalcation de Tinté- rét de So.ooo fr., pendant dix ans. — Je crois que Flaubert a reçu 12 ou i3.ooo fr. (pour les deux), mais comptant.

Champfleury et La Fizelière m’ont dit qu’on ne pouvait pas encore vous voir. Alors, mes remords n’avaient pas de raison d’être, car j’avais positive- ment des remords de n’avoir pas encore couru là- bas pour vous voir.

Mais quand cela finira-t-il ? Et quand pourra-t-on vous rendre visite ? J’ai hâte de le savoir. Donnez- moi des nouvelles de votre mère.J’aurai peut-être