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322 CHARLES liAUDELAIRE

Je crois que j’ai trouvé le titre qui rend bien mon idée : La Lueur et la Fumée.

Les notes pour la candidature sont faites. (Le bruit m’est revenu que ma candidature étant un outrag-e à l’Académie, plusieurs de ces Messieurs ont décidé qu’ils ne seraient pas visibles pour moi. Mais c’est trop fantastique pour être possible.)

Tout à vous.

Il y a longtemps que j’ai reçu un paquet de japonneries. Je les ai partagées entre mes amis et amies, et je vous en ai réservé trois. Elles ne sont pas mauvaises (images d’Epinal, du Japon, 2 sols pièce à Yeddo). Je vous assure que sur du vélin et encadréde bambou ou de baguettes vermillon, c’est d’un grand effet.

A ALFRED DE VIGNY

Monsieur,

Pendant de bien nombreuses années, j’ai désiré vous être présenté, comme à un de nos plus cliers maîtres. Ma candidature à l’Académie française me fournissait un prétexte pour me présenter moi- même chez vous, dans ces derniers jours. Seule- ment, j’ai appris votre état de souffrance, et j’ai cru devoir m’abstenir, par discrétion. Hier, cependant, M. Patin m’a dit que vous éprouviez une amélio- ration sensible, et alors je me suis décidé à venir vous fatiguer quelques minutes de ma personne.

Je vous en prie vivement, congédiez-moi, tout de suite et sans cérémonie, si vous craignez qu’une