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vais le prier de vouloir bien m’attendre jusqu’à après-demain, car je n’ai pas les billets entre les mains. J’ai cru que vous me les enverriez hier.

J’ai rencontré, il y a trois jours, de Broise, désolé, qui m’a tenu dans la boue, au moins un quart d’heure, m’accablant de reproches, et ne voulant pas comprendre que cette fois j’étais impuissant, et que même il eût été dangereux que je parusse chez les escompteurs. Je suis obligé de me défendre vis avis de lui, mais quelquefois de vous défendre vous-même. Si je n’avais pas eu, retombant sur mon dos, 1.900 fr. à rembourser, dont 500 sont déjà payés, il est évident que j’aurais pu vous être utile. Les jours précédents, j’avais essayé de lui demander pourquoi le portrait ne paraissait pas à L'Artiste et pourquoi je ne recevais pas quelques épreuves du portrait retouché, où elles étaient, etc.. Il m’a ri au nez, très bizarrement. Dans toutes ses allures, dans toutes ses plaintes, il est si bizarre, même pour les affaires les plus vulgaires, que toute relation entre lui et moi devient de plus en plus difficile.

Trois mois et six mois, cela me paraît dangereux. Trois mois et quatre mois même me paraissent contenir une mauvaise chance.

Je vous ai dit qu’Hetzel n’était plus pour l’escompte dans les mêmes conditions qu’il y a quelques mois.

Le jour de ma rencontre avec de Broise, je sortais d’une imprimerie où on me détenait depuis trois jours, depuis 10 h. du matin jusqu’à 10 h. du