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Avant de partir, je vais essayer, par mes relations, de faire revenir les gens sur cette mesure.

Si Pincebourde m’avait expliqué ces choses à temps, il n’y aurait peut-être pas eu d’échec.

Il m’a parlé de son congé. J’étais obligé de le voir, ce matin, parce que j’avais, à ce qu’il paraît, déposé plus d’argent qu’il ne fallait, pour le dernier billet. — Cette phrase théâtrale est sortie de sa bouche : Après avoir passé ici les trois plus belles années de ma vie… Tout de suite, un contre-Pincebourde s’est dressé dans ma tête, qui, dans la librairie Malassis, aurait passé ces trois années dans les jouissances frénétiques d’une existence orageuse.

Mais votre santé, voilà le grand point.

Il est impossible que vous grandissiez en âge, avec cette menace dans les veines. Il faut une consultation sérieuse.

J’ai rencontré hier Deschanel, qui m’a dit que dans ses feuilletons sur Les Excitants il avait glissé une page sur Les Fleurs du Mal, mais que M. de Sacy l’avait biffée tout entière, en disant : Comment un journal comme Les Débats pourrait-il parler d’un livre flétri par les tribunaux !

Tels sont les amis de notre ami Asselineau.

Tout à vous. A bientôt.

A POULET-MALASSIS

Voilà encore le frontispice à l’horizon. Je suis perdu. Comment pouvez-vous avoir encore confiance