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c’est à dire 400, ou même 500 fr., c’est pour les très excellentes raisons que je vous ai développées. Il est impossible de dépenser inutilement cet argent, et d’ailleurs Jeanne, qui est comme toutes les femmes plus qu’économe, est intéressée à me surveiller.

En second lieu, je… vous rendrai compte de l’emploi de l’argent, et vous le représenterai par des factures. Je vous dois cela. Ce que je vais faire, vous me l’avez conseillé plusieurs fois, autrefois. Vous l’avez donc oublié. Ce que vous allez faire pour moi, et que je vous avais arraché par obsession et raisonnement, vous auriez dû le faire de vous-même, il y a très longtemps. Apparemment, vous ne prétendez pas borner votre rôle vis à vis de moi, et même vis à vis de tout homme, à celui d’agent insensible et d’homme d’affaires. Et cependant il a fallu que l’initiative vînt de moi ; toutes ces choses si raisonnables, que vous auriez dû m’indiquer, il a fallu que je les voulusse le premier.

Toute la légitimation de ceci est là, dans un mot de vous : Je consentirais à détruire toute votre fortune dans un but moral. — Eh bien ! concluez.

Si, par hasard, en mon absence, ma mère envoyait encore de l’argent, je consens, encore une fois, à le recevoir. Vous m’avertiriez, mais vous ne me l’enverriez pas, attendu que j’aurai suffisamment pour vivre, avec vos 200 fr. et ce que je pourrai tirer d’ailleurs ; vous m’en tiendriez compte à mon retour, ou bien, en mon absence,