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Cette note, sottement et impudemment placée au bas d’une page, je l’ai effacée, et, si nous en mettons une, ce sera à la fin, et elle aura un caractère sérieux, où la réclame sera dissimulée. Je donnerai votre adresse au successeur de Duveau, après avoir rédigé la note que vous n’imprimerez (du moins, avec son nom) qu’après vous être entendu avec lui sur la remise, et je vous engage, pour votre honneur et pour le salut des belles manières, à lui permettre de s’approvisionner d’exemplaires, au fur et à mesure.

Un mot de mes épreuves. J’en reçois encore souvent qui n’ont pas été corrigées en première. Quand mon esprit n’est pas fatigué, il n’y a pas grand mal. Je crois qu’alors les choses importantes ne l’échappent pas. Mais hier, par exemple (il s’agit de la feuille que vous avez reçue ce matin), j’ai relu mon épreuve deux fois, et, avant de la mettre à la poste, j’ai trouvé des énormités que je n’avais pas vues le matin. A Alençon, que se passe-t-il, au reçu de mon épreuve ? Votre ouvrier exécute-t-il d’abord mes corrections, et votre travail a-t-il lieu sur une épreuve tout à fait nettoyée, avec l’épreuve corrigée par moi, à côté de vous ? Ou bien mêlez-vous vos corrections définitives avec les miennes sur cette épreuve déjà noircie par moi,et finalemement donnez-vous le tout à l’ouvrier, sans plus vous en occuper avant le tirage ? Vous me trouvez bien fatigant, n’est-ce pas ? Et cependant ce n’est que grâce à cet esprit minutieusement méthodique qu’on peut arriver à des résultats qui ne soient pas trop