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l’aliliger, je lui ai promis de lui faire, moyennant trois exemplaires en bonnes épreuves, un texte en style de guide ou de manuel, non signé. — C’est donc avec lui seul que vous aurez à traiter. Il demeure 20, rue Duperré.

Si vous y tenez, je ferai un mensonge à C , et je lui dirai que je vous avais écrit à vous le premier.

La chose s’est présentée dans mon esprit, bien simplement. D’un côté : un fou infortuné, qui ne sait pas conduire ses affaires, et qui a fait un bel ouvrage ; de l’autre : vous, chez qui je désire voir le plus de bons livres possible. Comme disent les journahstes, j’ai considéré pour vous le plaisir double d’une bonne affaire et d’une bonne action.

Et, à ce sujet, pensez à Daumier ! à Daumier, libre et foutu à la porte du Charivari au milieu d’un mois, et n’ayant été payé que d’un demi-mois ! Daumier est libre et sans autre occupation que la peinture. Pensez à La Pharsale et à Aristophane. Il faut le remonter comme une pendule. Ces deux idées datent d’il y a quinze ans. Voilà une grande et bonne affaire.

Je m’engage solennellement à la plus stricte exactitude pour les épreuves des Paradis et des Fleurs. Mais vous ne serez pas prêt. Vous ne pourrez pas l’être. Six semaines ne sont pas assez, et vous savez que, pour rien au monde, je ne veux d’éditions ratées, soit au point de vue de l’élégance, soit à celui de la correction.

Voilà tout, pour aujourd’hui.