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fussent indiscernables. Ai-je réussi ? Ma question ne vient pas d’une vanité enfantine ; elle résulte de la solitude où je vis, puisque j’en suis venu à ce point de sensibilité que la conversation de presque tous m’est insupportable. Et, d’un autre côté, j’avoue que je suis toujours inquiet de savoir si ces travaux qui marchent si lentement, tantôt par ma faute, tantôt par les circonstances, sont d’une nature assez solide pour être offerts au public.

Je suis en froid avec Calonne. Je lui dois, tous comptes faits, 2 ou 300 fr., mais il a un paquet de vers à publier. De plus, je lui ai déclaré très tranquillement que les morceaux promis paraîtraient à la Presse ; que je ne pouvais plus, à mon âge et avec mon nom, supporter une pédagogie fatigante et inutile ; et qu’après tout le directeur d’un recueil littéraire n’avait le droit d’intervenir que dans le cas où on le pouvait compromettre par une maxime religieuse ou politique…

J’ai gardé trois passages de mon texte primitif, pour autre réimpression.

Que d’ennuis ! Je suis sans le sol, et en froid avec ma mère. L’indiscrétion des gens qui me doivent, ou qui me font de belles promesses, sans les tenir, a amené la nécessité de faire rembourser par ma mère des billets payables à Honfleur. Je rougis de cela. Je dois à ma mère 10.000 fr. empruntés dans le temps de sa richesse, et il n’est pas convenable que je la tourmente, maintenant qu’elle est pauvre. J’aurai peut-être recours à vous, pour terminer l’affaire de R. Quand on se