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LES FLEURS DU MAL.

XX

LE MASQUE.

STATUE ALLÉGORIQUE DANS LE GOUT DE LA RENAISSANCE.

À Ernest Christophe, statuaire


Contemplons ce trésor de grâces florentines ;
Dans l’ondulation de ce corps musculeux
L’Elégance et la Force abondent, sœurs divines.
Cette femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement robuste, adorablement mince,
Est faite pour trôner sur des lits somptueux.
Et charmer les loisirs d’un pontife ou d’un prince.

— Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
Où la fatuité promène son extase ;
Ce long regard sournois, langoureux et moqueur ;
Ce visage mignard, tout encadré de gaze,
Dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur :
« La Volupté m’appelle et l’Amour me couronne ! »
À cet être doué de tant de majesté
Vois quel charme excitant la gentillesse donne !
Approchons, et tournons autour de sa beauté.