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ÉCLAIRCISSEMENTS ET VARIANTES.

ès étant la forme contractée de dans les, et, par suite, ne pouvant être employé qu’avec un pluriel.

On lit sur l’exemplaire d’épreuves :

Pourquoi ès-langue ?

Nous n’écririons pas : de langue, en langue. Il faut que la dédicace prenne moins de longueur et que tous les caractères soient diminués, peut-être même de deux points. En somme, poète impeccable, maître et ami, Théophile Gautier et fleurs maladives sont les lignes à laisser voyantes.

Décidément laissez Fleurs en capitales ordinaires, et non pas en italiques.

Mais Poulet-Malassis avait déjà tiré la feuille quand Baudelaire lui en renvoya la seconde épreuve annotée. D’où un petit incident dont on suivra le développement dans les lettres du poète (mars 1857), et que finalement celui-ci solutionna en prenant à sa charge les frais occasionnés par le tirage prématuré.

Variante :

1857. Au parfait magicien es langue française.

Nous avons eu sous les yeux des exemplaires de la i" édition où Baudelaire, de sa main, avait ajouté un 5 à chacun des deux mots langue et française.

L’exemplaire d’envoi à Théophile Gautier portait cet ex-dono :

Mon bien cher Théophile,

La dédicace imprimée à la première page n’est qu’une ombre très faible de l’amitié et de l’admiration véritable que j’ai toujours éprouvée pour toi, tu le sais.

M. Ernest Raynaud, dans le Mercure de France (16 octobre 1917), a contesté la sincérité de cet hommage et tenté de démontrer que rien, ni dans les rapports de Baudelaire et de Gautier, ni dans les tendances de leurs esprits, ne suffisait à le justifier. L’article est fort curieux, mais nous pensons que l’auteur a poussé ses conclusions bien loin, et que M. Henry Dérieux qui, dans le numéro précédent du Mercure, sous le titre La Plasticité de Baudelaire, avait établi un certain air de parenté entre La Comédie de la Mort et Les FLEURS DU MAL, a vu plus juste. Baudelaire, qu’on le veuille ou qu’on s’en offusque, a dû beaucoup à Gautier, — au premier Gautier, — comme au Lycanthrope. Les réminiscences que nous aurons l’occasion de signaler par la suite le prouvent à l’évidence. Où M. Raynaud, par contre, nous semble bien avisé,