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wagon enrayé pour wagon enragé, étoile vacillante pour étoffe vacillante..., et aussi les fautes grossières : toi qui... est entrée..., ou bien : te martelant au lieu de : se martelant, et encore longueur pour langueur, etc. Nous sommes également d’accord avec nos prédécesseurs pour déplorer que l’éditeur, pendant si longtemps, n’ait pas pris les mesures utiles pour réparer les bévues de son prote. Mais des étourderies, des lapsus, des lettres confondues, des des pour des les, des ton pour des tout, en admettant qu’ils ne se justifient point, ce qui n’est pas toujours le cas, — sont-ils pour infirmer ou diminuer la valeur des leçons nouvelles quand celles-ci, outre qu’il y a lieu de les présumer authentiques, apparaissent marquées de la griffe de l’auteur ?

Nous ne recommencerons pas ici le travail que le lecteur trouvera dans nos Eclaircissements, où chacune des variantes de 1868, quand il y a lieu, se trouve discutée ; mais citons quelques exemples typiques et d’importance progressive :

J'aime le souvenir..., v. 24 :

Emmaillota, donne la 2e édition. — Emmaillotta, corrige la 3e.

N’est-ce pas celle-ci qui a raison ?


Le Tonneau de la Haine, v. 7-8 :

(1861) Quand même elle saurait ranimer ses victimes

Et pour les pressurer ressusciter leurs corps.

(1868) Quand même elle saurait ranimer ses victimes

Et pour les ressaigner ressusciter leur corps.

Est-il discutable que la correction n’ajoute à la force de l’idée ?


La Muse malade, v. 3-4 :

(1861) Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint

La folie et l’horreur, froides et taciturnes.

(1868) Et je vois tour à tour s’étaler sur ton teint

La folie et l’horreur...


Niera-t-on que le dernier texte n’ait substitué une allitération heureuse à une licence plus que hardie... ou à un vers faux,