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sincèrement Baudelaire qui le lui rendait : « Ridentem ferlent ruinœ. Au seul être dont le rêve ait allégé ma tristesse en Belgique », écrivait le poète au-dessous de la photographie qu’il envoyait à son premier éditeur. Poulet-Malassis d’ailleurs, au cours des pourparlers engagés avec Lévy pour la vente des œuvres complètes, avait montré le plus grand désintéressement. Dans ses lettres à Charles Asselineau, il avait offert, après en avoir demandé 200 francs, d’abandonner ses droits sur les Epaves, si sa renonciation était pour permettre de conclure. Quelîe apparence dès lors qu’il se fût obstiné à protester, pendant l’impression et après la publication de l’édition définitive, contre l’introduction des pièces empruntées aux Epaves, s’il n’eût été certain de servir les intentions de son ami ? Or cela, il l’a fait, nous le répétons, à plusieurs reprises, nous avons eu ses lettres sous les yeux. Un autre argument dans le même sens doit être tiré du caractère manifestement parasitaire de certaines poésies, par exemple : Lola de Valence ou Vers pour le portrait de M. Honoré Daumier, pièces tout occasionnelles et qui ne présentent aucun rapport avec le cadre ni avec l’accent des Fleurs du Mal. Un troisième enfin du nombre limitatif des pièces nouvelles mentionnées dans l’acte de vente : onze pièces, avons-nous souligné tout à l’heure, et non vingt-cinq.

Mais Banville et Asselineau n’ont pas grossi la 3° édition seulement des 11 pièces extraites des , ils y ont encore ajouté trois morceaux, car 25 — 11 (les 11 des Epaves, qu’il ne faut pas confondre avec les 11 prévues dans l’acte de vente) = 14. Quels sont donc les trois morceaux qui font la différence? La question vaut bien qu’on ouvre une parenthèse. Ici nous devons avouer que nous sommes réduits aux conjectures. Cependant il en est une qui, entre vingt autres dont l’exposition demanderait de longues pages, nous semble mériter la préférence : les trois pièces rajoutées seraient : A Théodore de Banville, Le Calumet de Paix et... La Lune offensée. Voici nos raisons : la première de ces pièces n’a jamais été imprimée du vivant de l’auteur, bien que datée de 1842. C’est un sonnet de jeunesse et de circonstance dont les deux tercets seuls présentent un sens général, l’intérêt des deux quatrains y étant, par contre, limité à la personne de Banville. Il y a toute