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LES FLEURS DU MAL.

Sur ta jambe un poignard d’or
    Reluise encor ;

Que des nœuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
    Comme des yeux ;

Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
    Les doigts lutins ;

Perles de la plus belle eau,
Sonnets de maître Belleau
Par tes galants mis aux fers
    Sans cesse offerts.

Valetaille de rimeurs
Te dédiant leurs primeurs
Et contemplant ton soulier
    Sous l’escalier,

Maint page épris du hasard,
Maint seigneur et maint Ronsard
Epieraient pour le déduit
    Ton frais réduit !

Tu compterais dans tes lits
Plus de baisers que de lys
Et rangerais sous tes lois
    Plus d’un Valois !