Page:Baudelaire - Les Fleurs du mal, Conard, 1922.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
SPLEEN ET IDÉAL.

   Les riches plafonds,
   Les miroirs profonds,
La splendeur orientale.
   Tout y parlerait
   À l’âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

   Vois sur ces canaux
   Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
   C’est pour assouvir
   Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
   — Les soleils couchants
   Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
   D’hyacinthe et d’or ;
   Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.