Page:Baudelaire - Les Fleurs du mal, Conard, 1922.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
LES FLEURS DU MAL.


III

LE CADRE.

Comme un beau cadre ajoute à la peinture,
Bien qu’elle soit d’un pinceau très-vanté,
Je ne sais quoi d’étrange et d’enchanté
En l’isolant de l’immense nature,

Ainsi bijoux, meubles, métaux, dorure,
S’adaptaient juste à sa rare beauté ;
Rien n’offusquait sa parfaite clarté,
Et tout semblait lui servir de bordure.

Même on eût dit parfois qu’elle croyait
Que tout voulait l’aimer ; elle noyait
Dans les baisers du satin et du linge

Son beau corps nu, plein de frissonnements.
Et, lente ou brusque, en tous ses mouvements.
Montrait la grâce enfantine du singe.