Page:Baudelaire - Les Fleurs du mal, Conard, 1922.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
SPLEEN ET IDÉAL.

XXVIII

LE SERPENT QUI DANSE.


Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareïlle
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L’or avec le fer.

À te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,