faible, et l’attraction exercée sur le poëte par ces deux extrêmes dérive d’une source unique, qui est la force même, la vigueur originelle dont il est doué. La force l’enchante et l’enivre ; il va vers elle comme vers une parente : attraction fraternelle. Ainsi est-il irrésistiblement emporté vers tout symbole de l’infini, la mer, le ciel ; vers tous les représentants anciens de la force, géants homériques ou bibliques, paladins, chevaliers ; vers les bêtes énormes et redoutables. Il caresse en se jouant ce qui ferait peur à des mains débiles ; il se meut dans l’immense, sans vertige. En revanche, mais par une tendance différente dont l’origine est pourtant la même, le poëte se montre toujours l’ami attendri de tout ce qui est faible, solitaire, contristé ; de tout ce qui est orphelin : attraction paternelle. Le fort devine un fort dans tout ce qui est fort, mais voit ses enfants dans tout ce qui a besoin d’être protégé ou consolé. C’est de la force même, et de la certitude qu’elle donne à celui qui la possède, que dérive l’esprit de justice et de charité. Ainsi se produisent sans cesse dans les poëmes de Victor Hugo ces accents d’amour pour les femmes tombées, pour les pauvres gens broyés dans les engrenages de nos sociétés, pour les animaux martyrs de notre gloutonnerie et de notre despotisme. Peu de personnes ont remarqué le charme et l’enchantement que la bonté ajoute à la force, et qui se fait voir si fréquemment dans les œuvres de notre poëte. Un sourire et une larme dans le visage d’un colosse, c’est une originalité presque divine. Même dans ces petits poëmes consacrés
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