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dans le poëte. Cette opinion (singulière pour moi) est fort propre à incliner l’esprit à la résignation relativement aux incompatibilités correspondantes dans l’esprit des poëtes et dans le tempérament des lecteurs. Aussi bien, jouissons de nos poëtes, à la condition toutefois qu’ils possèdent les qualités les plus nobles, les qualités indispensables, et prenons-les tels que Dieu les a faits et nous les donne, puisqu’on nous affirme que telle qualité ne s’augmente que par le sacrifice plus ou moins complet de telle autre.

Je suis contraint d’abréger. Pour achever en quelques mots, Pierre Dupont appartient à cette aristocratie naturelle des esprits qui doivent infiniment plus à la nature qu’à l’art, et qui, comme deux autres grands poëtes, Auguste Barbier et madame Desbordes-Valmore, ne trouvent que par la spontanéité de leur âme l’expression, le chant, le cri, destinés à se graver éternellement dans toutes les mémoires.