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les artistes et même parmi les gens du monde, il y a encore bon nombre de personnes bien élevées, douées de justice, et dont l’esprit est toujours libéralement ouvert aux nouveautés qui leur sont offertes. L’Allemagne aurait tort de croire que Paris n’est peuplé que de polissons qui se mouchent avec les doigts, à cette fin de les essuyer sur le dos d’un grand homme qui passe. Une pareille supposition ne serait pas d’une totale impartialité. De tous les côtés, comme je l’ai dit, la réaction s’éveille ; des témoignages de sympathie des plus inattendus sont venus encourager l’auteur à persister dans sa destinée. Si les choses continuent ainsi, il est présumable que beaucoup de regrets pourront être prochainement consolés, et que Tannhäuser reparaîtra, mais dans un lieu où les abonnés de l’Opéra ne seront pas intéressés à le poursuivre.




Enfin l’idée est lancée, la trouée est faite, c’est l’important. Plus d’un compositeur français voudra profiter des idées salutaires émises par Wagner. Si peu de temps que l’ouvrage ait paru devant le public, l’ordre de l’Empereur, auquel nous devons de l’avoir entendu, a apporté un grand secours à l’esprit français, esprit logique, amoureux d’ordre, qui reprendra facilement la suite de ses évolutions. Sous la République et le premier Empire, la musique s’était élevée à une hau-