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tive ; l’enthousiasme français et la panique gauloise.

Le Tannhäuser n’avait même pas été entendu.




Aussi, de tous côtés, abondent maintenant les plaintes ; chacun voudrait voir l’ouvrage de Wagner, et chacun crie à la tyrannie. Mais l’administration a baissé la tête devant quelques conspirateurs, et on rend l’argent déjà déposé pour les représentations suivantes. Ainsi, spectacle inouï, s’il en peut exister toutefois de plus scandaleux que celui auquel nous avons assisté, nous voyons aujourd’hui une direction vaincue, qui, malgré les encouragements du public, renonce à continuer des représentations des plus fructueuses.

Il paraît d’ailleurs que l’accident se propage ; et que le public n’est plus considéré comme le juge suprême en fait de représentations scéniques. Au moment même où j’écris ces lignes, j’apprends qu’un beau drame, admirablement construit et écrit dans un excellent style, va disparaître, au bout de quelques jours, d’une autre scène où il s’était produit avec éclat et malgré les efforts d’une certaine caste impuissante, qui s’appelait jadis la classe lettrée, et qui est aujourd’hui inférieure en esprit et en délicatesse à un public de port de mer. En vérité, l’auteur est bien fou qui a pu croire que ces gens prendraient feu pour une