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pour le confirmateur d’une ancienne idée qui sera sans doute, plus d’une fois encore, alternativement vaincue et victorieuse. Toutes ces questions sont en vérité extrêmement simples, et il n’est pas peu surprenant de voir se révolter contre les théories de la musique de l’avenir (pour me servir d’une locution aussi inexacte qu’accréditée) ceux-là mêmes que nous avons entendus si souvent se plaindre des tortures infligées à tout esprit raisonnable par la routine du livret ordinaire d’opéra.

Dans cette même Lettre sur la musique, où l’auteur donne une analyse très brève et très limpide de ses trois anciens ouvrages, l’Art et la Révolution, l’Œuvre d’art de l’avenir et Opéra et Drame, nous trouvons une préoccupation très vive du théâtre grec, tout à fait naturelle, inévitable même chez un dramaturge musicien qui devait chercher dans le passé la légitimation de son dégoût du présent et des conseils secourables pour l’établissement des conditions nouvelles du drame lyrique. Dans sa lettre à Berlioz, il disait déjà, il y a plus d’un an : Je me demandai quelles devaient être les conditions de l’art pour qu’il pût inspirer au public un inviolable respect, et, afin de ne point m’aventurer trop dans l’examen de cette question, je fus chercher mon point de départ dans la Grèce ancienne. J’y rencontrai tout d’abord l’œuvre artistique par excellence, le drame, dans lequel l’idée, quelque profonde qu’elle soit, peut se manifester avec le plus de clarté et de la manière la plus universellement in-