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IV

PEINTRES
ET
AQUA-FORTISTES


Depuis l’époque climatérique où les arts et la littérature ont fait en France une explosion simultanée, le sens du beau, du fort et même du pittoresque a toujours été diminuant et se dégradant. Toute la gloire de l’École française, pendant plusieurs années, a paru se concentrer dans un seul homme (ce n’est certes pas de M. Ingres que je veux parler) dont la fécondité et l’énergie, si grandes qu’elles soient, ne suffisaient pas à nous consoler de la pauvreté du reste. Il y a peu de temps encore, on peut s’en souvenir, régnaient sans contestation la peinture proprette, le joli, le niais, l’entortillé, et aussi les prétentieuses rapinades, qui, pour représenter un excès contraire, n’en sont pas moins odieuses pour l’œil d’un vrai amateur. Cette pauvreté d’idées, ce tatillonnage dans l’expression, et enfin tous les ridicules connus de la peinture française, suffisent