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ou plutôt déculottés et agréables à voir ; — mais cette année, M. Gleyre, voulant peindre des apôtres, — des apôtres, M. Gleyre ! — n’a pas pu triompher de sa propre peinture.

PILLIARD

est évidemment un artiste érudit ; il vise à imiter les anciens maîtres et leurs sérieuses allures — ses tableaux de chaque année se valent — c’est toujours le même mérite, froid, consciencieux et tenace.

AUGUSTE HESSE

L’ÉVANOUISSEMENT DE LA VIERGE

Voilà un tableau évidemment choquant par la couleur — c’est d’une couleur dure, malheureuse et amère — mais ce tableau plaît, à mesure qu’on s’y attache, par des qualités d’un autre genre. — Il a d’abord un mérite singulier — c’est de ne rappeler, en aucune manière, les motifs convenus de la peinture actuelle, et les poncifs qui traînent dans tous les jeunes ateliers ; — au contraire, il ressemble au Passé ; trop peut-être. — M. Auguste Hesse connaît évidemment tous les grands morceaux de la peinture italienne, et a vu une quantité innombrable de dessins et de gravures. — La composition est du reste belle et habile, et a quelques-unes des qualités traditionnelles des